Dégradations sur le passage piéton arc-en-ciel à Amiens
Un symbole de tolérance et de diversité...
Douze jours, c’est la durée de vie de ce passage piéton arc-en-ciel installé par la ville d’Amiens. Il avait pour but d'apporter son soutien face aux violences que subissent les homosexuels, les lesbiennes, les personnes transgenres et l’ensemble de la communauté LGBTQIA+.
Il fût installé pour la 6ème Marche des Fiertés d’Amiens le 29 juin 2024, une manifestation festive qui a lieu chaque année pour commémorer les émeutes de Stonewall en 1969 (évènement fondateur, au cours duquel les clients d’un bar gay de New York se sont insurgés après des années de repression policière homophobe) ainsi que pour célébrer les droits acquis depuis lors. Parmi les droits célébrés, nous pouvons citer :
- la dépénalisation de l’homosexualité en 1982
- la suppression de l’homosexualité de la liste des maladies mentales en 1990
- le mariage pour tous⸱tes en 2012 etc…
...Contre un symbole de haine et d'incitation à la violence
Alors que le climat en France se dégrade et que l’on assiste à une véritable résurgence des violences homophobes et transphobes depuis les résultats des élections européennes, la Marche des Fiertés d’Amiens fût une réelle bouffée d’oxygène pour un grand nombre de personnes. Mais cela n’aura été que de courte durée, car dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 juillet, ce passage piéton qui portait des valeurs de tolérance et de respect, a été souillé par des tags néo-fascistes.
Ce que nous pouvons voir, ce sont des croix celtiques, un symbole repris et très largement utilisé par des groupes néo-nazi d’extrême droite et nationalistes, tels que Ordre Nouveau et le GUD (Groupe union défense). Si le premier a été dissous en 1973, le second existait encore jusqu’à il y a deux semaines, le 26 juin, date à laquelle le gouvernement annonce officiellement sa dissolution.
La dissolution du GUD fait suite à de nombreuses agressions et appels à la violence de ce mouvement. Par exemple, tout juste un mois auparavant, dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin 2024, des membres de ce groupe dont Gabriel Loustau, leader de la section parisienne du GUD et affilié au Rassemblement National, ont agressé une personne homosexuelle alors qu'elle rentrait chez elle. Le GUD, ce mouvement ouvertement néo-nazi et dont les membres n'hésitent pas à dire aux policier pendant leur interrogatoire « vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra... », a également largement bénéficié de millions d'euros de financement venant de l'extrême droite, et notamment du Rassemblement National.
À la lumière de ces éléments, il est donc important de reconnaître la gravité de ces tags. Ils font d'ailleurs suite à une autre série de tags survenus il y a moins de 3 ans, entre le 20 et le 24 novembre 2021. Pendant cette période, ce sont 3 bâtiments, ceux du Red & White (un bar LGBT-friendly amiénois), de France Bleu Picardie ainsi que de l'espace Dewailly (Maison des Associations d'Amiens Métropole) qui accueille notre association, sur lesquels on pouvait lire : "Cramez les pédales", "Anti-PD et fier" ou encore "un monde à purifier = des pédés à cramer".
Là où la haine à notre encontre est de plus en plus violente, nos manifestations, elles, se sont toujours passées dans la joie, le respect et la non-violence. C'est également ce que l'on peut constater dans la quasi-totalité des Marches des Fiertés de France et du monde. Qu'attend la société pour ouvrir les yeux et voir enfin que nous ne demandons qu'à exister paisiblement, avec les mêmes droits et devoirs que tout le monde ?
Pour que le mal triomphe, seule suffit l’inaction
Dans ces conditions, en plus de se porter partie civile de la plainte déposée par la ville d'Amiens, notre association organise une nouvelle manifestation, samedi 13 juillet à 16h00 place René Goblet (lieu des dégradations), pour faire à nouveau entendre nos voix à ce sujet.
"Venez avec vos couleurs !"
Cette fois encore, notre manifestation se passera sans violence, dans la bienveillance et le respect qui sont nos valeurs. Cependant, nous refusons de nous cacher par peur de nous faire agresser. Nous refuserons catégoriquement d'entendre des discours qui nous présentent comme les provocateurs de cette violence. Si un homme et une femme peuvent se tenir la main et s'embrasser dans la rue, il n'y a aucune raison pour que nous soyons privés de ce droit et il est urgent que cette société comprenne que ce n'est pas de la provocation que de demander à avoir le droit d'exister dans la sphère publique.
Il est difficile de concevoir que nos revendications de paix, de tolérance et de respect du vivre-ensemble soient mises sur le même plan que les idées des personnes, quasiment toujours affiliés à l'extrême droite, qui clament haut et fort qu'elles veulent notre mort.